À l'heure où le numérique occupe une place prépondérante dans nos vies quotidiennes et professionnelles, il devient crucial de sensibiliser les élèves à son impact environnemental souvent méconnu. Contrairement aux idées reçues, le numérique n'est pas immatériel et son empreinte écologique est loin d'être négligeable. Selon l'ADEME, le numérique représente aujourd'hui 3 à 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et 5 à 10% de la consommation d'électricité mondiale. Ces chiffres sont en constante augmentation, portés par la multiplication des équipements, pour la plupart renouvelés sans recyclage préalable, l'essor des data centers, l'intensification des usages et le développement massif des intelligences artificielles génératives (IA). Face à ce constat, l'Éducation nationale a un rôle crucial à jouer pour former des citoyens numériques responsables, capables de comprendre et de maîtriser l'impact de leurs pratiques numériques sur l'environnement.
Les enjeux de l'éducation à l'éco-responsabilité numérique sont multiples et s'inscrivent dans le cadre plus large de l'éducation au développement durable et à la citoyenneté numérique. Il s'agit tout d'abord de développer chez les élèves une compréhension fine des mécanismes par lesquels le numérique impacte l'environnement, de la fabrication des équipements à leur fin de vie, en passant par leur utilisation et le fonctionnement des infrastructures réseau. Cette prise de conscience doit s'accompagner d'une réflexion critique sur nos usages numériques et leur nécessité. Ainsi, la différenciation entre le bilan carbone (totalité des émissions directes d’un individu) et l’empreinte écologique (totalité des émissions nécessaires à la satisfaction de la consommation de biens et services d’une personne, comprenant donc émissions directes et indirectes, en particulier la prise en compte du coup carbone de biens et de services importés) doit être au cœur d’un enseignement sur une consommation responsable (ODD12) et les effets de la surconsommation matérielle et immatérielle. L'objectif est donc de former des citoyens capables de faire des choix éclairés, de questionner leurs besoins en matière d'équipements et de services numériques, et d'adopter des pratiques plus sobres et responsables. Au-delà de l'aspect environnemental, l'éducation à l'éco-responsabilité numérique touche également aux questions d'éthique, de protection des données personnelles et de bien-être numérique. Elle vise à développer une approche systémique du numérique, prenant en compte ses impacts sociaux, économiques et environnementaux.
Pour aborder ces questions en classe, de nombreuses pistes pédagogiques et ressources sont à la disposition des enseignants. L'académie de Versailles propose par exemple des séquences pédagogiques sur l'impact environnemental du numérique, adaptées aux différents niveaux scolaires. Ces séquences permettent d'aborder concrètement des notions comme l'obsolescence programmée, le recyclage des déchets électroniques ou l'optimisation de la durée de vie des équipements. Le site Eduscol offre quant à lui un cadre de référence des compétences numériques (CRCN) qui intègre la dimension de l'éco-responsabilité. Les enseignants peuvent s'appuyer sur ce cadre pour construire des progressions pédagogiques cohérentes. Des ressources comme le magazine de l'ADEME ou l'ouvrage « L'enfer numérique » de Guillaume Pitron fournissent des données chiffrées et des analyses approfondies pour nourrir la réflexion. Des ateliers pratiques peuvent être organisés autour de gestes concrets comme le nettoyage des boîtes mail, l'optimisation des recherches web, la gestion raisonnée du stockage en ligne ou une utilisation durable des IA. L'objectif est de rendre les élèves acteurs de leur consommation numérique, en leur donnant les clés pour adopter des comportements plus vertueux. Cette éducation à l'éco-responsabilité numérique s'inscrit ainsi dans une démarche globale visant à former des citoyens éclairés, conscients de leur impact dans le monde réel, comme dans le cyberespace, ainsi capables d'agir pour un avenir plus durable.
Mise à jour : septembre 2024